view from home

2020

The explosion of around a hundred tons of ammonium nitrate stored in warehouse 12 in the Beirut port area caused considerable human and material damage. The final toll was 235 dead and 6,500 injured, leaving 300,000 people homeless. 77,000 buildings were damaged. One year after the explosion, the World Bank estimated the damage at nearly four billion euros. It was one of the worst non-nuclear explosions in history. The judicial enquiry was obstructed by the various political parties. To date, no convictions have been handed down.

Lara Tabet and I, working under the alias Jeanne et Moreau, photographed Beirut during lockdown with binoculars, from the window of our apartment above the port. The day after the explosion of August 4, 2020, amongst the ruins of our apartment, I found the binoculars and took some photos of the neighborhood on the fly, through the window destroyed by the blast, with no other intention than to keep a trace of the damage caused by the explosion. Looking at these images, we realized we had taken the same shots a few months earlier. These photographic juxtapositions were inspired by stereoscopic views where spatial distance is replaced by a temporal break, before and after the port’s explosion.

view from home

2020

L’explosion d’une centaine de tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans le hangar numéro 12 de la zone portuaire de Beyrouth provoque des dégâts humains et matériels considérables. Le bilan final est de 235 morts et 6 500 blessés, et de 300 000 personnes sans abri. 77 000 bâtiments ont été endommagés. Un an après l'explosion, les dégâts sont estimés à près de quatre milliards d’euros par la Banque mondiale. Il s'agit d'une des plus graves explosions non nucléaires de l'histoire. L'enquête judiciaire a fait l'objet d'une obstruction orchestré par les différents partis politique. Jusqu’aujourd’hui aucune condamnation n'a été prononcée.

Pendant le confinement, Lara Tabet et moi, travaillant sous le pseudonyme de Jeanne et Moreau, avons photographié Beyrouth avec des jumelles, depuis la fenêtre de notre appartement qui surplombait le port. Le lendemain de l’explosion du 4 août 2020, parmi les décombres de notre appartement, j’ai retrouvé les jumelles et pris à la volée quelques photos du quartier à travers la fenêtre pulvérisée par la déflagration, sans aucune autre intention que celle de garder une trace des dégâts engendrés par l’explosion. En regardant ces images, nous avons réalisé que nous avions pris les mêmes plans quelques mois auparavant. Dans ces juxtapositions photographiques inspirées des vues stéréoscopiques, la distance spatiale est remplacée par la rupture temporelle, avant et après l’explosion du port.